La grande salle de Garde
Aux tréfonds de la Tour, de grandes portes automatiques se lèvent sur la grande salle de Garde, où règne un chaos de rue médiévale.
Les sonneries et les alarmes hurlent à l’unisson.
On crache, on vomit, on s’évacue dans les écuelles.
Des relents de sueur et d’urine flottent dans les airs.
On pique, on draine, on coud au travers des peaux.
Les malades et les guérisseurs circulent côtes à côtes.
On piétine, on traine, on court dans les couloirs.
Des attroupements se font et se défont de place en place.
On se tient, on se lâche, on s’égare dans le tumulte.
Injonctions et invectives se répondent de proche en proche.
On piaille, on caquète, on aboie au milieu de la foule.
Paroles et insultes se défient de porte en porte.
On s’étreint, on angoisse, on geint dans le cauchemar.
Les brancards et les chariots se percutent dans les allées.
On s’allonge, on dormaille, on se tord sur les banquettes.
Des corps blessés ou morts fuient sous des draps blancs.
On soigne, on miracule, on cataplasme à pleines mains,
La vie et la mort se toisent sans cesse sans sourciller.
On joue, on gagne, on se perd au jeu du hasard.
Le temps et le sang s’écoulent au goutte-à-goutte.
Ici, c’est l’Enfer, jour après jour, depuis qu’Ils ont coupé des ailes dans les hauteurs de la Tour.