- La peau de la Liberté (hommage à Samuel Paty) -
La peau du cou douce
Où la mère, la fiancée, la femme, l’amante, la compagne
Aura déposé ses espoirs fous, ses baisers, ses mots doux, ses morsures, ses élans
La peau du cou chaude
Ensoleillée et tendre comme une clairière
Avec une cabane où nicher à peine un visage d’enfant,
Un câlin et un fou-rire
La peau rose de lait
Comme elle aurait pu être aussi basanée, noire, de sienne ou ambrée et pourtant
Portant en elle le métissage du genre humain tout entier
Nés ici ou ailleurs
Dans d’autres hémisphères
Par d’autres latitudes
Sous d’autres servitudes
La peau du cou nue
De toute médaille
De tout préjugé, de toute croyance et de ses intolérables intolérances
La peau pure de l’espérance
La peau du cou fine
Et sans défense
Où la main intranquille tenant le rasoir
Devant le miroir ce matin là
Fit la toute première entaille
Mince ridelle écarlate rebelle et prémonitoire
Comme un dernier pied de nez à la destinée
Comme un ultime sursaut vital ouvrant
Le bal de la Liberté
La Liberté de dire
La Liberté de partager
La Liberté de rire et celle de blasphémer
La Liberté d’enseigner aux esprits neufs la Liberté
La Liberté de vivre et aussi celle d’aimer
La Liberté de mourir en être digne et libre
Hurlant à gorge déployée
Que personne n’aura jamais la peau de la Liberté