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Le poeme de Lorenzaccio
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Le poeme de Lorenzaccio

Le congrès (cartes postales) 🚧

 

Quelques souvenirs de mes pérégrinations universitaires de part la France et le monde...

A suivre...

 


 

 

Auckland

Société Australasienne de Neurochirurgie 

Sept. 2015

 

IMG_5213

 

Retourner le monde

  

On inaugure le voyage pathologique 

On commence fort                                  le voyage initiatique 

On voit en grand                  très grand

 tout autour de la terre

 

Besançon-Auckland                                                         peut-on vraiment

                                                                                     s’en voler plus loin

 

Je veux dire plus loin                                    de soi 

plus loin de toi 

plus loin de ce nous                qui s’effrite

 

Sous le vernis de la Réussite 

la rouille du temps                                       qui saborde tout 

a fait savamment son travail de sape 

à l’insu de cet amour 

à l’insu de tes rêves

  

Déjà la Sicile 

un volcan qui couve 

la méditerranée 

une mer de noyés 

puis les déserts de sable  

au ventre de la dépressurisation 

qui étreint        qui aspire        qui suffoque

 

Une escale finale 

avec soi-même  

une semaine

 

Ô solitudes salutaires 

à errer sur les quais du port et regarder les voiliers rejoindre le large 

à rêver pour soi aussi                                                   d’un nouvel équipage

                                                                                                                Le poison est ancré dans le fruit 

                                                                                                                                 à présent 

Schizophrénie                                  des sentiments

 

Le retour

 

 

IMG_5248

 

Le banquet

 

Ce fut vraiment une très belle soirée 

mondaine 

comme On les aime 

tout en bienséance et retenue                            so british

 

 

Un couple jouait sur une scène 

un blues mélancolique 

et tout le monde restait                   fasciné 

par la blonde ondulation 

de la voix et des lèvres                                            rouges

 

Gibson noire

J’emporterai 

la gravure argenté 

de ça

aux rétines de mes tympans

  

Puis le repas alcoolisant 

pour désamarrer les langues 

et les ambitions 

de gloire                                        éphémère

  

Certains téméraires  

se seront même risqués 

sur la pente d’une histoire drôle ou 

sur la piste d’un rock ‘n roll endiablé

  

On rira on suera on vivra on s’oubliera 

              un temps 

jusqu’à ce qu’un cab sombre 

nous raccompagne                    main dans la main 

au Langham Hotel

 

IMG_5113

 

Les quais bleus

  

Une île géante 

offrant 

de ses paumes                       tectoniques 

                          Auckland 

à la mer

 

Une forêt de mats à perte de vue  

mats blancs                aux cliquetis du port 

mats de bois de palme                dans les parcs de la ville 

mats des lampadaires aux quais des avenues 

mats noir argenté titanesques                                                 des buildings

 

Cordages téléphoniques 

bouches d’aération 

cheminées d’évacuation 

piétons disciplinés et affairés                accastillant 

les pontons des trottoirs

  

Au dessus de nos têtes 

     des voiles blanches et grises 

qui claquent sec                                                                    jusqu’au plafond du ciel 

gonflées par le vent de sud et 

les ondées de septembre

   

La Sky Tower  

comme une vigie 

sondant l’horizon de l’océan 

pour moissonner                              le chant des baleines

 

Et la ville  

sur le qui vive 

toute entière 

prête à appareiller

 


 

EANS Venise 2017

  

photo 5

 

Île de Lido

 

Une île

De riches retraités italiens

Se frayant un chemin

Parmi les touristes en goguette

Et les congressistes désœuvrés.

 

Il est là, attablé, 

Tel le seigneur des lieux

Qui dévisage sa maîtresse,

Sous le soleil, bronzé et ridé, et fier

Comme le drapeau au frontispice de ses mocassins

Et l’étendard rouge à la poche de son costard.

A l’image de cette île,

A la gloire déjà passée,

Et ses canaux vides qui mènent au Lion d’Or,

Et ses terrasses décrépies aux immeubles bourgeois,

Et ses yachts indécents sommeillant dans la baie,

Face à Venise.

 

Plus loin,

Une mouette vole 

Sur la mer vert d’eau

Et se brise aux clochers blancs  

Des murailles ocre.

Puis des cimetières marins de vélos multicolores,

Des feuilles d’érables mêlés aux grenadiers,

Des chants d’oiseaux enchantés dans les branches.

 

Au-delà,

Un réfugié noir, vomi par la méditerranée,

Fait la mendicité et des cauchemars 

Comme les poubelles

Au pied des HLM flottants et insomniaques.

 

Oct 2017

 

photo 4

photo 1

Le dîner stéréotaxique

 

Moi,

En terrasse,

En ma propre compagnie 

Peu désirable.

A mon habitude.

Je bois mon amertume 

Dans ma solitude de houblon,

En admirant

Le jour gris qui décline,

Triste

Et embrumé,

Sur les eaux précieuses

De la baie de Venise.

 

Lui,

Il préférera son rendez-vous

Stéréotaxique.

Il lui faudra prendre la vedette

Entre Lido et Venise,

Faire la traversée nocturne

- 100 km/h -

En jouant deux fois sa vie

Au slalom des pieux

Hérissés sur la mer

- 1 tous les 5m -

Et comme prévu,

Après un flot de perfusions

Apéritives anesthésiantes,

- 132 cl -

Se faire encadrer par son Leksellence

- 4 pointes enfoncées de 1 mm sur son crâne -

Puis sur la durée du repas,

Recevoir dans le ciboulot

Une irradiation de

- 25 Gy -

De paroles insignifiantes

Et œnoliques 

A l’isodose marginale 

- 70% -

Résultat thérapeutique atteint:

Oblitération de la pensée.

 

Le lendemain,

Gros mal de tête.

 

Oct 2017

 

photo 3

Humanité déconnectée

 

Aéroport de Venise.

Va et viens

D’humains voyageurs,

Ensembles et solitaires.

 

On mange frénétiquement

Tels des hamsters boulimiques

A la biologie déréglée

Dans le laboratoire mondialisé

De l’industrie agro-alimentaire.

 

On regarde les télés

Accrochées partout.

Homo sapiens, 

Idiot utile du show télévisuel,

Acteur de sa propre futilité

Dans sa propre téléréalité.

 

Course aux vanités.

Où est la fraternité ?

Se prendre dans les bras,

Se serrer,

S’aimer.

 

Et, qu’ont à raconter les mains tordues

De cet homme, 

Travailleur manuel assidu ?

Et la bonté de ses yeux ?

 

Qu’a à révéler le regard vide

De cette femme,

Veuve en voyage

Avec son amant imaginaire ?

 

Les tables se remplissent.

Devant moi, une fille seule.

Vais-je lui parler si elle lève son regard?

Elle se réfugie dans son livre, 

Une amie arrive, divorcée ?

 

Mes frères et sœurs humaines.

Avec leurs tics,

Et leurs tocs,

Leurs tracs et leur fric,

Leurs petits travers, 

Et leurs fragilités.

Je vois l’enfant en eux,

A la dissonance de leur allure 

Trop assurée ou mal-à-l’aise,

Au reflet de leurs yeux 

Tristes ou rieurs,

Rivés aux écrans.

 

Individualités connectées.

Humanité déconnectée.

 

Quand une enfant leucémique passe,

Blanche, chauve, fantomatique,

Au dessus du sol.

Puis s’évanouit.

Toi, dis leur 

Le chemin !

Dis leur la fin…

 

On mange encore

Car il faut oublier

Le départ.

Le stress du départ.

La peur du dernier départ.

 

Sur ces vols 

Opérés par l’angoisse,

Affrétés par l’incertitude,

La fugace prise de conscience

De sa finitude.

 

Oct 2017

 


 

SFNC Grenoble 2018

 

Welcome-to-grenoble 

Arrivée à Grenoble

 

Par delà les fenêtres du train,

On sillonne, paisible, au travers des près vert pâle

D’une vallée luisante sous un tiède soleil de mars.

 

Progressivement,

Le décor s’assombri,

Tandis que le relief s’amplifie.

 

Surgit alors par vagues

La terre plissée,

Anthracite dos de shar-peï carbonisé.

 

Aux plaques stratifiées,

Arrachées des entrailles de la terre

Et dispersées comme de vulgaires mille-feuilles

Mal découpés par la lame sismique ;

 

Aux à-pics acérés

Où vont s’empaler les oiseaux de proie ;

Aux parois noires

Où vont dévisser les cordées d’alpinistes ;

 

Aux falaises aiguisées

0ù s’égorgent les désespérés ;

Aux failles sans fond

Où disparaissent les oubliés ;

 

A l’écho exponentiel

Des secousses tectoniques

Amplifié au cratère de la ville ;

 

Elle s’immisce en nous,

Sournoisement,

La menace tellurique.

Elle est là,

Qui nous encercle et qui nous guette.

Partout.

 

On ravale alors sa salive.

 

Elle a déjà un goût de cendres.

 

 

Mars 2018

 

L’auditorium

 

Là, dans cette assemblée recueillie

Entouré de ces pairs-dieux

Religieusement assis,

Blafards, gris et fatigués,

Je pris conscience.

 

Je n’étais peut-être pas seul,

A ruminer la liste innombrable des choses à faire

Stockée dans les bajoues de ma mémoire.

 

Je n’étais peut-être pas seul,

A charrier la montagne des strates administratives

Empilées au sommet de mon crâne.

 

Je n’étais peut-être pas seul,

A subir la lente déformation de ma belle vocation

Scoliosée autour de ma moelle épinière.

 

Je n’étais peut-être pas seul,

A plier sous le poids écrasant de réformes systémiques

Appliquées à la charnière de mon bassin.

 

Je n’étais peut-être pas seul,

A ravaler ce sentiment de trahison et de colère

Etranglé au fond de ma gorge.

 

Je n’étais peut-être pas seul,

A glisser sur cette pente avide, savonnée

Le long de mon œsophage.

 

Je n’étais peut-être pas seul,

A agréger cette culture insensée du chiffre

En calculs amers au fond de ma vésicule.

 

Je n’étais peut-être pas seul,

A arroser d’acide noir cette jolie fleur de stress

Ulcérée à la paroi de mon estomac.

 

Je n’étais peut-être pas seul,

A me tordre sous ma péristaltique consomption

Vitriolée au long de mon intestin grêle.

 

Je n’étais peut-être pas seul,

A suffoquer dans le sang des ailes de ma passion

Cloutées au cœur de ma cage thoracique.

 

 

Je n’étais peut-être pas seul,

A garder le tannin de mes nuits scialytiques

Imprégné sur ma face lunaire.

 

Je n’étais peut-être pas seul,

A rêvasser parfois aux bienfaits des gaz éthérés

Soufflés aux veines de ma lassitude.

 

Je n’étais peut-être pas seul,

A vieillir et mourir sous le masque du silence

Cicatrisé aux rides de mon visage.

 

Et chacun de nous,

Les mains réunies,

Pensait un peu à ceux

Qui nous avaient quittés

Brutalement.

 

Mars 2018

 

 


 

DIU NC-vasculaire Amiens

Mai 2018

 

 éoliennes

La femme sans tête

 

Ici, on traverse

La rivière et le pont

De la femme sans tête.

Et les éoliennes

Sanguinolentes

Sous le soleil couchant,

Tournent encore

En ricanant.

 

Au loin, au dessus de la mer

Tout au bout de l’autoroute,

D’immenses volutes de fumées blanches

Splendides, chargées, ascensionnelles

Emplissent l’horizon,

Comme si on avait mis la Manche entière à bouillir

Pour faire une soupe géante de poissons et d’algues.

 

Puis,

Quelqu’un a reposé le couvercle

De la soupière.

Tout s’est soudain accumulé,

Le plafond s’est obscurci

Et le bouillonnement de l’eau

S’est fait plus violent,

Frappant et résonnant aux parois de métal.

Un claquement d’orage

Creva l’outre du ciel, et

Un mur d’eau

S’abattit alors

Transformant la route en fleuve

Qui nous traina

Irrésistiblement

Vers le grand large.

 

Pendant ce temps là,

Dans la rivière de la femme sans tête

Gonflée de ses os,

Le sang s’est dilué

Dans la glaise brune

Des berges

Et de ses yeux.

 

 

Au laboratoire d’anatomie

 

Les têtes

Nous attendent,

Heureuses

D'offrir leur science.

 

 

 


 

 

EANS

Section Vasculaire

Nice 2018

 

  

Euroairport (Bâle-Mulhouse-Nice)

 

Une femme blond pâle parle

devant moi, qui suis invisible

derrière la vitre sans teint

de mes lunettes noires.

 

« Ici, (en Suisse)

tu es tout de suite catalogué.

On ne t’apprécie pas

pour ce que tu es vraiment

médecin, PDG… »

 

Et j’entends

qu’elle voudrait être respectée

comme la petite bourgeoise

qu’elle est,

avec son faux sac de marque

pendu au bras

de sa robe en toile de jute

rose poudré.

 

Puis,

une autre immisce

subrepticement

sa corpulence dans la file

entre nous.

Heureusement

aujourd’hui,

je ne suis pas pressé.

Stoïque alors, je la laisse

à cette petite conquête

sur son angoisse

d’embarquement.

 

Sur le tarmac,

trois garçons de pistes

rigolent,

bien heureux,

de rester

sur le plancher des deux vaches.

 

 

Nice

 

Est une de ces villes,

où l’on peut déambuler

en bikini

dans les rues

sans éveiller

la lubricité des passants,

 

Est une de ces villes,

où, s’il on n’est pas

vieux

et enluminés d’or,

il ne fait pas bon avoir

la peau bronzée.

 

Est une de ces villes,

où un simple marchand

de panneaux

peut faire fortune.

avec « I love Nice »

projeté aux balustrades

ensanglantées,

 

Est une de ces villes,

où des yeux

pendus partout,

inquisiteurs et noirs,

scrutent et percent

chaque recoin

de votre intimité,

 

Est une de ces villes,

où les carrelages

de faïence

riches et colorés

des maisons bourgeoises

paradent à même

les façades,

 

Est une de ces villes,

où l’on n’aime plus

l’anglais

qui se baladait,

paisible,

sur la promenade

des Anglais.

 

Est une de ces villes

où le temps et le vent

s’arrêtent

main dans la main

pour contempler

la mer

allongée sous le soleil

turquoise,

 

Est une de ces villes,

où la lune brille

toujours plus haut

dans le ciel

de celui qui vit, dort et meurt

sur le trottoir,

 

Est une de ces villes,

où les lucioles

rouges et blanches

des avions incessants

ont remplacé

les étoiles filantes.

 

Est une de ces villes,

où les palmiers

rêvent désespérément

d’îles désertes

dans la langueur

de leur insomnie verte,

 

Est une de ces villes,            

où la houle venue

du Sud,

roulera dans vos draps

et fera grincer,

la coque de l’hôtel

pendant trois nuits.

 nice

 

La section vasculaire

 

Quel magnifique nom

Que celui de ce réseau européen

De saigneurs

En série.

 

Ils passeront deux jours

A s’autocongratuler

Ou à conjecturer

Sur la façon la plus héroïque

De réparer

Les artères du cerveau

De leurs victimes.

 

Se faisant,

Ils en oublieront pourtant l’essentiel :

Le cœur.

 

Là,

Qui flamboie

Dans les turbulations

Translucides

D’un anévrisme,

 

Là,

Qui rythme

De pulsations

Jumelles

Les carotides au cou,

 

Là,

Qui attise

La soif

De résurrection

D’un hémisphère asséché,

 

Là,

Qui jaillit

Dans la déflagration

Impromptue

D’un nidus artério-veineux,

 

Là,

Qui bat dans le noir

Des pupilles,

De l’être allongé

Qui vous confie

Sa tête.

 

Ce cœur,

Dans notre thorax,

Qui accélère et dilate

Son jet de courage,

Pour que nos doigts,

Au bout de la pince,

Puissent libérer

Enfin

Le clip ou le fil.

 

Ce cœur, aussi

Qui saigne,

Caillote,

Et meurt,

Un peu plus

A chaque issue

Désillusoire.

 

Ce cœur,

Humain

Qui vibre

Là,

Rouge

Et chaud

Au creux

De nos mains

Blanches.

 


 

 

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