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Le poeme de Lorenzaccio
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Le poeme de Lorenzaccio
5 octobre 2018

DIALOGUE (EXISTENCE)

ADULTESSENCE

Un adulte

 


 

 Enfermement

 

By myself - Linkin Park : Hybrid theory (2002)

 

 

Prisonnier intérieur

 

Sol, murs et plafond :

De son âme noire,

Les bas-fonds.

 

Seul, mort, abandon :

Sons de sa mémoire,

Les chardons.

 

Hors de son esprit, content, 

Son fol espoir

L’attend.

 

Pris dans l’infini du temps,

Son désespoir

Latent.

 

Sa vie de cire, goutte-à-goutte,

S’écoule

En pâles croûtes

 

Où se cristallise le doute.

S’écroule

Sa clé de voûte.

 

La peur instille alors,

Dans la prison

De son corps,

 

Un silence de mort,

Âpre poison

Qui le tord.

 

2017 

Icare

 

Mon esprit perdu,

 De mon âme labyrinthe,

 Tente de s’enfuir

 


 

La palette des solitudes

 

Outside (Studio) – Staind : Break the cycle (2001) 

 

 

Les gens de couleur

  

Les gens normaux ne crèvent pas les cœurs familiaux aux agonies rosées du jour. Deux désirs, jaunes et tremblants, les escortent aux lucarnes éclairées de l’amour.

 

Les gens normaux ne s’attablent pas à l’autel blanchâtre de leur soir monacal mais boivent puis s’esclaffent, à s’en égorger, aux coupes rouges des terrasses amicales.

 

Les gens normaux ne régurgitent pas sans fin la bile et les sucs de leur marronnage effroyable. Leur ventre clair est baigné de rêves argentés et de projets incroyables.

 

Les gens normaux ne craignent pas le ciel gris orageux qui accompagne leur survie. Ils passent le bleu clair de leur temps à se réjouir béatement de leur improbable vie.

 

Les gens normaux ne naviguent jamais à rebours du cours terne de l’Existence. Ils se laissent bercer par le fleuve violet de leur Destinée sans la moindre résistance.

 

Les gens normaux ne vivent pas à l’ombre des autres comparses du grand jeu. Ils rayonnent de centaines de connections indigo à d’autres âmes fascinées par l’enjeu.

 

Les gens normaux ne réservent pas de sombres surprises à leur maudit entourage. Ils sont à la hauteur des attentes dorées placées en eux depuis le plus jeune âge.

 

Les gens normaux n’écoulent pas le sable noir de leurs jours de manière illogique. Ils respectent scrupuleusement la ponctualité verte de leur belle horloge biologique.

 

Les gens normaux ne gravent pas de poèmes vermeils sur le visage fou de minuit. Ils s’éteignent dans la chaleur orange du soleil au fin fond des couettes de la nuit.

 

Les gens normaux n’alimenteront jamais les araignées brunes guettant à leur porte, heureuses. Ils nourrissent une blanche horreur pour toutes les bestioles duveteuses.

 

Les gens normaux ne pleurent pas une seconde de leur sang froid pour des choses insignifiantes. Ils forgent le monde de la masse pourpre de leurs pensées lénifiantes.

 

Les gens normaux ne ressentent pas la noyade au gouffre béant marine de l’univers. Leur esprit nage au blond courant d’air sidéral et met les aurores boréales à l’envers.

 

Les gens jaunes, rouges, bleus, violets, indigo, verts, oranges, pourpres

Les gens argentés, les gens dorés, les gens blancs ou blonds,

Les gens normaux dans l’arc-en-ciel multicolore…

 

Combien sont passés à côté de mon âme phosphorescente sans la voir vraiment,

Comme l’hologramme transparent de moi-même immolé dans son noir firmament.

 

Combien n’ont pas pris la peine d’écarter le feuillage brun et sombre de ma nuit,

Pour découvrir les reflets rosés, blanchâtres ou bleutés de la tendre étoile qui y luit,

 

Avec ses tombereaux désespérés

De poésie, d’amour éperdu, d’amitié pure, d’invincible fidélité,

Offerts aux rayons de lune, au vent solaire et à la voie lactée

 

Puis, versés au cercueil du néant.

 

2017

L’arc-en-ciel des pirates

 

Sang douleur goudron

 Suie l’Outre-tombe outre-mer

 Un trésor doré

 


 

Quarante troisième rugissant

  

Ode to my family – The cranberries : No need to argue (1994)

 

 

Dans le magasin de porcelaine

 

Rouleuse

Virée

Houleuse

Arrivée

 

Se revoir

S’égayer

Recevoir

Et payer

 

Spéciale

Distraction

Spatiale

Contraction

 

Bruyante

Invasion

Fuyante

Evasion

 

Démocratique

Protension

Dogmatique

Propension

 

Impudente

Démonstration

Imprudente

Confrontation

 

Susceptible

Fonctionnement

Indéfectible

Dysfonctionnement

 

Généreuses

Intentions

Onéreuse

Surtension

 

Proposer

Soutenir

Disposer

Retenir

 

Tendresse

Attention

Maladresses

Inattentions

 

Eprendre

Aimer

Reprendre

Désaimer

 

Sévir

Plier

Punir

Lier

 

Objet

Des amours

Sujet

Désamour

 

Aranéeuse

Mère-fusion

Nauséeuse

Perfusion

 

Parentale

Incompréhension

Filiale

Répréhension

 

Ténébreuse

Attraction

Coléreuse

Réaction

 

S’excuser

Punition

Culpabiliser

Détention

 

Affective

Dissension

Effective

Distension

 

Présence

Sans concession

Absence

Sans confession

 

 

Donner

Accepter

Pardonner

Sans compter

 

2017 

Félix

 

Un chien attachant,

 Comme eux, aboyant fidèle.

 Amour attachiant.

 


 

L’épeire diadème

  

Fortuna Imperatrix Mundi: O Fortuna - Carl Orff: Carmina Burana

 

 

Au chevet de Notre-Dame (à la Bonne Mère)

 

Accouchée par un vent démiurge et reniée,

Là. Corps proéminent au devant de la scène,

Las. Grise éminence, sur un divan de Seine,

Cachée d'un paravent du jugement dernier.

 

Elle sieste d'un œil, les sept autres formant,

Autour de l’encéphale, un couronnement noir                     

De vautours du Wesphal trônant sur leur manoir.        

Belle funeste, au seuil du transept, s’endormant.

 

Épeire cathédrale à l'abdonef empli

Des tailleurs condamnés à leur vie de poussière

Et leurs maçons damnés parmi les pluies de pierres.

Un enfer diadémal dominé par l'oubli.

 

Au détour, on la voit, l'aranéide stèle,

Au cœur de la Cité, respirant de son orgue.

Son chœur surexcité, espérant jour de morgue,

Fait des tours et trembloie en sa vide arantèle.

 

Araignée porte-croix, aux pattes arcboutées,

Roses oculaires projetées vers son antre,

Grosses chélicères crochetées vers son ventre.

Reines, rois, culs-de-jatte, elle a maraboutés,

 

Roulés dans sa toile tissée de soie christique,

Percés jusqu'à leur foi - temps de liquéfaction - 

Sucés un à la fois - avant putréfaction -

Puis ourlés d'un voile lissé de suc gastrique. 

 

Au centre du réseau, point d'afflux des touristes,

Elle tend, patiente, un piège aux bateaux-mouches

Et pend confiante un cierge à ces béates bouches :

Au tendre de leurs os, point d'effluves baptistes.

 

Leur viande, jusqu’au foie, gavée de chrétienté,

Elle la stocke au calme en ses chapelles froides

Et estoque leur âme entre deux missels roides,  

Friande de ces proies givrées de sainteté.

 

Gargouilles pilleuses hérissées sur son corps,

Son toit, sa façade vibrant aux alentours,

On voit à la mansarde, ivre en haut de la tour,

La bouille du gibbeux hissée au son des morts.

 

Et toutes les cloches et les bourdons qui sonnent,

Rameutent les manants, par route, en la bestiale.

Emeute permanente encroûtant l’abbatiale

De doutes, reproches et pardons qui résonnent.

 

Parvis du point zéro, parchemin de dentelle.

Elle fanfarde en fait, sans que nous comprenions,

Une blafarde fête au sang des Compagnons,

Ravie des fins héros des chemins d’arantèle.

 

2017 

Point de rosée

 

Seules sont les larmes

 Des insectes dans la toile

 Au petit matin.

 

 


 

 

Seule & Solitaire

 

Sexe - Saez – God blesse : (2002)

 

 

Chevauchée printanière 

 

Ici,

Mille feuilles bruissent

Dans les arbres rouillés

Et les grillons jouissent

Sur les herbes souillées.

 

Puis,

Le carillon tinte

Au vent tiède du soir

Et l’écran bleu feinte

Un dernier au revoir.

 

Là-bas,

Ton lit bai se plisse.

Tu t’es agenouillée

Sur l’élan qui glisse

En ta rose mouillée.

 

Alors,

Galope l’étreinte

Dont tu presses l’espoir,

Qui cabre et t’éreinte.

Eclair blanc dans le noir !

 

2016

Jacuzzi d’extérieur

 

Un vent tiède souffle.

 Turgescence dans les bulles.

 Plaisir solitaire.

 


 

Communication moderne

 

Nightcall - Kavinsky: OutRun (2013)

 

 

SOS du SMS

 

L’ « s » aime l’« s ».

 

L’ « s » : Ô « s » !

 

Laisse, el’ m’ laisse !

 

L’ « s » home-less.

 

L’ « s » meurt seul.

 

Sang au Sol…

 

2017

Hiéroscopie

 

L’écran bleu s’éclaire.

Dans ses entrailles résonne

 Un mauvais présage.

 

 


 

 

Libertés et souillures

 

Regardez les filles pleurer (thème) – Saez : J’accuse (2010)

 

 

Le saccageur

 

Viens là, ma chère épouse !

Avec ta belle audace

Aux beaux yeux d’Andalouse

Et aux p’tits airs tenaces !

 

Tu l’aimes encor beaucoup ? 

Méfie-toi qu’au clair de lune,

Le loup ne te morde au cou !

Il aime y manger les brunes,

 

Celles à la chair blanche écrue

Parcourue de veines bleutés,

Qu’il dilacère toutes crues

Pour en drainer toute beauté.

 

Enfant nu sous le bel astre pâle,

Il se baigne dans leur sang tiédi

Tandis que de leurs deux trous d’opale,

Elles mirent la voûte verdie.

 

Alors, à l’incantation du pentacle,

Là, sous les frêles étoiles jaunies,

Se perpétue l’impossible miracle :

Soudain, l’immonde bête rajeunit.

 

Dans la clairière cernée d’un anneau noir,

Le monstre, de leur fine peau revêtu,

Parade et danse puis retourne au manoir

Pour y cuisiner leur petit cœur têtu.

 

Le silence glisse dans la forêt des mortes.

Sous la douce clarté de la belle Vénus,

Elles sont allongées. De gros vers vont et sortent,

De leurs corps dévastés, de la bouche à l’anus.

 

2017

Promenade inconsciente

 

Dans sa forêt d’âme,

 Chacun a un loup qui guette

 A la pleine lune.

 


 

Libre, une nuit

 

Tree of life – Yodelice : Tree of life (2009)

 

 

A l’orée de ma vie

 

Ce soir,

Chaperon, je vais dans ce bois

Qui vit et languit juste en bas

De l’endroit où tu fis ton toit.

Loin dans la nuit, un chien aboie.

Du haut de la butte en émoi,

On aperçoit en contrebas

Un feu d’adolescentes joies

Qui fume l’herbe puis flamboie.

Les rois, les rois, les rois !

 

Ce soir,

A l’orée de ce triste bois,

La brume de mauvais aloi

Me dit que tu n’es pas chez toi.

Tu es enfin dans d’autres draps,

Ici, bientôt, j’en ai la foi,

Serrée, c’est sûr, par d’autres bras

Portés par un autre que moi.

Je crois, je crois, je crois…

 

Ce soir,

A la lisière de ce bois,

Un loup te guettait aux abois.

Dans ce beau ciel d’été, je vois

Le soleil indolent qui ploie

Ses ailes bleues dessous les draps 

Que la lune aimante déploie.

Puis elle me prend dans ses bras

Et fait renaître un autre moi,

Sur le plateau là-bas, là-bas.

 

Ce soir,

En face de ce gentil bois,

Je me sens libre cette fois

Et mon cœur, seul, dévalera

Par la colline étalée là,

Comme un pancake au chocolat

Que la nuit noire avalera.

Mes chers grillons, chantonnez moi,

Un air sucré, tout bas, tout bas !                          

2017

Nocturne

 

Le soir libéré,

 Par la colline illunée,

 Fredonne l’été.

 


 

Les divorcés

 

 Je ne t'aime plus - Manu Chao : Clandestino: Esperando la ultima ola...(1998)

 

 

Les couples attablés

 

Au nom du père, du fils et du sac Esprit.

Triptyque où l'homme est de côté,

Le petit face à sa mère en décolleté,

Son mari à un sac surpris.

 

Une table ne pouvant avoir d'enfants

Couine telle une roue mal graissée,

Pendant tout le repas oppressée

Par son chihuahua triomphant.

 

Deux snobs n’ayant plus rien à se dire,

Portant des origines l’amour en deuil,

Se dévisagent du coin de l’œil

Dans le reflet des pages et de la mire.       

  

Un jeune couple bien trop affairé

S’oublie d’extase en leur bébé

Qui les nargue la bouche bée

En catapultant doudou préféré.

 

Entre un essaim noir de smartphones 

A la vibrionnance insupportable.

Les écrans bleus passent à table.

Toute la ruche devient aphone.

 

Une famille de gais prolétaires,

Qui mange son argent mensuel,

Reprend des frites à la truelle

En braillant au lieu de se taire.

 

Dans leur retraite, deux vieux amants,

Qui ne s’aiment que de loin en loin,

Restent accolés là dans leur coin,

Comme une paire de vieux aimants.

 

Et moi, qui ne nous aimons plus

Je dîne avec mes deux invités

Ma solitude et ma culpabilité,

Vieilles compagnes jamais repues.

 

2017

Notaires, Avocats & Cie

 

Vautours charognards

 Sur la carcasse encor tiède

 De ce bel amour.

 


 

L’espace-temps

 

Unis vers l’uni - Michel Jonasz : Unis vers l’uni (1985)

 

 

Hubble et le trou noir.

 

J'étais là, l’intrus,

Patient,

Brûlant,

À l'ombre de ta vue.

Ton âme seule.

 

Originel

Regard de ton regard,

Révélant aujourd'hui,

La souffrance indicible

De ma survie.

 

Je suis ici la cible,

Maintenant.

Vibrionnant,

Aspiré par tes cils.

Ton âme sœur.

 

Fidèle

Miroir de ton miroir,

Reflétant à l'infini,

L'univers des possibles

De nos deux vies.

 

Je serai là, l’écueil,

Amant

Latent,

Au creux de ton œil.

Ton âme sombre.

 

Éternel

Espoir de ton espoir,

Résonnant dans ton esprit

Comme l'écho inaudible

De ton envie.

 

Depuis toujours en toi,

Permanent en toi,

À jamais en toi,

 

Pour la nuit des temps.                                  

2017

 

La théorie d’Einstein

 

La séparation:

 Relativité restreinte

 Appliquée aux êtres.

 

 


 

Le pécheur

 

Merry Christmas Mr. Lawrence (waves version) - Riuchi Sakamoto : Furyo (1983)

 

 

Villeneuve-lès-Maguelone

 

Une lèvre de terre humide,

Une pointe de lande aride,

Sans plaisir. Paradis perdu,

Où les âmes nues,

Coupables amantes,

Serpentent,

Piégées
,

Entre étang et marées
.

 

Au nom du jour, de l'ombre et de la nuit,

Eperdument épris, 

Passionné,

Projeté

Vers l'onde insondable, 

Sensuelle et insatiable,

Un fil d'argent météore

Cherche sa belle aux sourcils d'or.

 

Soleil d'été,

Lune étoilée

Dansent et se télescopent

Dans le kaléidoscope

Des planètes.

Quiétude honnête,

Bonheur d’un soir

D’un pêcheur d’espoir.

 

2016

  

La dorade royale

 

La reine argentée

 De la Méditerranée.

 Quête de l’été !

 


 

La vallée des LiØns

 

Life (Adouna) - Youssou N’Dour : Guide (1994)

 

 

Les Fauves 

 

Herbes sombres. Ciel de plomb.

Pas sourds,

Bruissements,

Vrombissements

Puis silence autour.

Heures blondes en surplomb.

 

Âmes noires. Statues d'Afrique,

Soudées depuis toujours,

L'une contre l'autre érigées,

Apparemment figées,

Spectrales en contre jour.

Même regard sur la plaine statique.

 

Mêmes corps, mêmes cicatrices 

Témoins des mêmes combats

D'une même survie.

Unis pour la vie.

La savane, en contrebas,

Mène leur sort, manipulatrice.

 

Flanc contre flanc. Chaleur ocre.

Pulsations synchrones.

Elle, feulements.

Lui, effleurements.

Respirations monotones.

Amants brûlés à blanc. Faim d'ogre.

 

Ensemble, demain, ils descendront.

 

2017

 

  

Si tu savais comme il t’aime

Et t’a toujours aimée

Lionne…

Range donc ces griffes

De la colère,

De la souffrance,

De l’absence,

De l’angoisse,

De la fatigue

D’attendre,

Le temps fut long et aride,

Ô plus belle…

Mais il est là à tes pieds

Regarde ce Lion, 

Tête baissée,

Dos balafré,

Les pattes ensanglantées

Par les sables, les graviers et les pierres

De la trop longue route pour venir

Enfin à toi,

Au travers des plaines et des vallées,

Des déserts et des savanes, 

Des embuscades des hommes…

Ce chemin vivant et acerbe

N’avait de sens

Que pour toi, 

Qu’avec toi,

Car ton image tremblait

Sans cesse

Comme un guide céleste

Aux bouts de ses routes

Dans la fournaise des étés,

Dans le miroir des nuits d’hiver,

Dans les fleurs neuves des printemps,

Dans les feuilles mortes des automnes.

Et regarde le,

Epuisé, chancelant,

Mais toujours debout

Et las, à ton côté,

Comme un gros félin harassé,

Regarde dans ces yeux

Brûler la même braise,

Ocre,

Qui te fit chavirer

A l’ancien solstice,

Et pose ta main, encore

Sur ce front brûlant,

Et sens sa chaleur

Sauvage et douce

Te remplir.

2018

 

Notre savane

 

Creuset de survie

 Chasseurs chassés - morts vivants

 L’été sans l’Afrique

 


 

 Les départs

 

Valse #3 In A Minor, Op. 34/2, "Grande Valse Brillante" : Chopin (N Magaloff)

 

 

La séparation

 

Il n’y a plus rien, que toi mon amour

Et moi qui retiens les pleurs en tes yeux

Puis qui entretiens l’illusion autour.

 

La valse ogresse de nos deux regards,

Qui tourne sans cesse en cercles furieux,

Brise et disperse ces témoins hagards.

 

Nos cœurs fragiles, dans leurs fines mains,

Pressent, fébriles jusqu’aux adieux,

L’hydre intranquille de nos lendemains.

 

Organes défunts coupés de leur hôte,

Ils prieront sans fin ce jour radieux

Où seront enfin greffés sous ses côtes.

 

2017

Sur le quai

 

Des amants transis

 Les yeux rougeoyants du train

 L’hiver dans les cœurs

 

 

 


 

 

Les amoureux

 

Lovesong - The Cure : Disintegration (Remastered) (1989)

 

 

La règle de trois

 

Chaque aube sur mes lèvres,

Ton sein qui se lève.

 

Chaque jour dans ma chair,

Ton cœur qui m’éclaire.

 

Chaque soir sur ta bouche,

Ma peau qui se couche.

 

Chaque nuit dans le tien,

Mon corps qui s’éteint.

 

Chaque jour,

Mon Amour,

Pour toujours.

 

2017

 

On s’aime.

 

Ni ports, ni barrages,

 N’arrêtent les eaux sauvages,

 Du fleuve à la mer.

 

 


  

Les paysages de la séparation

 

Cézanne peint – M Berger (France Gall) : Débranche (1984)

 

 

Aix – Besançon

 

Au Sud, la Sainte-Victoire

Est un tremplin argenté 

D’où, dans un élan bleuté, 

Il voit s’envoler l’espoir : 

 

Par le ciel mélancolique et les à-pics impérieux, 

Par la plaine bucolique et les nuages furieux.

 

Il sent autour de la gare, 

Sur les portées caténaires, 

Se déposer quelques airs 

Itinérants qui s’égarent: 

 

Pour le baiser salutaire ou les belles retrouvailles, 

Pour son départ solitaire ou les adieux en pagaille.

 

Il poursuit la rhapsodie 

Qui s’étire entre leurs cœurs 

Et berce les lignes sœurs 

D’une étrange mélodie: 

 

Par la Durance - galets et méandres oubliés, 

Par la Provence - genêts et lavandes par milliers.

 

Au Nord, se perd leur refrain 

Dans les forêts conifères 

D’où la bise vocifère 

Comme un loup au cri des freins: 

 

Pour repousser l’arrivée où son absence l’assèche, 

Pour cette plaie ravivée où l’abandon saigne et sèche.

 

2017

 

La Sainte-Victoire

 

Bleu, vert, blanc et ocre.

 La montagne obsessionnelle

 Vibrante un été.

 


 

L’hôtel du poète

  

Fièvre résurrectionnelle - H-F Thiéfaine : Suppléments de mensonge (2011)

 

 

Mon amour attendait, là.

 

Je me souviens très bien de la première fois

Que mon amour te vit, il perdit son sang froid.

Deux fossettes de joie encadraient ton sourire

Qui explosait soudain dans un violent fou rire.

Mon ouïe obnubilée par tes éclats sonores,

Ma vue hypnotisée par ton vol météore,

Toi, tu me capturais, moi cheval alezan,

Belle amazone brune au dos de mes onze ans.

Dompté, parqué tout seul au milieu de la cour,

Mon amour attendait qu’enfin vers lui tu coures.

 

Je me souviens même de la première fois

Que mon amour vola au loin, sans toutefois

Oublier dans cette île, aux odeurs de l’exil,

Les parfums de toi et les arômes subtils

Des rêves enivrants bus au creux de ta nuque.

Et de ta langue, douce au supplicier eunuque,

Bonbon goût de fraise chipé dans les couloirs,

Il conservait l’extase ôtée à ton vouloir.

Ces souvenirs prégnants le gardant en haleine,

Mon amour attendait qu’enfin tu le reprennes.

 

Je me souviens toujours de la première fois

Que mon amour sourit, avant de perdre foi,

De te revoir si belle et brune à en mourir,

Tels ces pics créoles chers à mon souvenir

Puis de réaliser qu’il n’avait plus sa place :

Quelqu’un l’avait volée sans en laisser la trace.

En échange trônait cette tendre amitié,

Imputrescible idée, cavant d’inimitié

La grotte où il s’était retranché, solitaire.

Mon amour attendait qu’enfin tu le déterres.

 

Je me souviens encor de la première fois

Que mon amour ému, un jour, comme autrefois,

Dans la foule indigo, vint à te reconnaître

Et de braise exhumée, à lui même renaître.

A la fontaine d’où le poète saigna,

Venu se ressourcer, en toi il se baigna :

Rivière mentholée, algueuse chevelure,

Résurgence sucrée apaisant sa brûlure.

Remariant la falaise à son âme frivole,

Mon amour attendait de prendre son envol.

 

Je me souviens aussi de la première fois

Que mon amour te fuit comme un vil palefroi.

Il te désarçonna aux steppes de l’hiver

Pour dissoudre, à lui seul, le cours de sa rivière

Figée dans la glace des rancœurs ressassées.

Frappé par la bise mauvaise du passé,

Il remonta, en bête obstinée, à la source

Délivrer sa lumière, à la fête de l’ours.

Tout au bout de la voûte où croisaient nos errances,

Mon amour attendait une deuxième chance.

 

Je me souviens enfin de ces dernières fois

Où mon amour reçu ces décharges d’effroi,

Tout droit lancées du fond de l’étrange prison

Aux murs capitonnés d’angoisse et déraison.

Dérobé à ta vue par un miroir sans teint,

Alors qu’il crie, hurle, cogne comme un pantin,

Tu déplores sans fin, à genoux son absence,

Lui qui, tout implorant, s’éteint dans ton silence.

Là, dans la camisole où sombre sa folie,

Mon amour attendait qu’enfin tu croies en lui.

 

2017

 

La fontaine d’Hypnos

 

Ô ma résurgence !

 Sors mon amour au grand jour!

 Mets fin à sa sorgue !

 


 

Le félin

 

Le petit chat est mort – Renaud : À la Belle de Mai (1994)

 

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Le petit chat noir

 

De la cuisine au rideau,

En glissade sur le dos

Au dessous du canapé

Puis à mon blue-jean râpé,

 

Ce petit chat noir m’agace.

Il file et s’enfuit, fugace,

Tel un fieffé escogriffe

Qui ressurgit par ses griffes.

 

Il répugne à la caresse,

Si ce n’est sur sa maîtresse

Et n’est jamais fatigué

De son errance aux aguets.

 

Des abandons du jeune âge,

Il garde ces peurs sauvages

Qui vibrionnent encore

Dans chaque poil de son corps.

 

Je suis ce chat intranquille,

Là, dans l’angoisse infantile

Qui ne sait trouver le calme

Qu’à l’ombre bleue de tes palmes.

 

Deux tendresses sous le vent

Qui le bercent bien souvent

En découpant la lumière,

D’une si tendre manière,

 

Que ce doux rituel d’enfance

Vient à vaincre sa méfiance.

Lové sur toi, il s’endort,

Pesant comme un lion d’or.

 

2017

 

La part du roi

 

Le lion qui dort,

 Au creuset de tes bras d’or,

 Festoie de ton corps.

 

 


 

Les visages de la séparation

 

Duel in the mirror-cabinet - Ennio Morricone: My name Is nobody (1973)

 

 

Ton nouveau poème.

 

Que la lumière grise du couchant après ta promenade du dimanche.

 

Qu’une fatigue de ta terrasse harmonica où n’entre que le vent de Chopin.

 

Qu’un tintement sur les vitres dans le carillon de ta chambre.

 

Que deux trains insomniaques sur le froissement de tes draps.

 

Qu’un grésillement glauquedans le verre infidèle deta lampe.


Que ton café, ton casque, les pages à travers tes lunettes pliées.

 

Que le goût crawlé de la vague de sueur après ton repas volé.

 

Que la petite aiguille glissant le long de ton kilomètre de dos. 

 


Qu’est-on

 

Au fond de ton miroir ? 

 

Qu’une goutte de buée ;

 

Au fond de ton jardindélaissé et anxieux ?

 

Que ton insectetournoyant ;

 

Pas plus qu’une poussière,

 

Qu’unton blessé montrevraiment.

 

2018

 

Mots à maux

 

Un reflet lifté

 Sur le cours de nos angoisses :

 Miroir déformant 

 


 

 

Ode à la mélancolie.

 

Prelude #22 In G Minor, Op. 28/22 - Chopin (G Ohlsson)

 

 

Le cycle

 

Tu l’appelles de tes vœux.

Tu l’incantes de tes yeux.

Il paraît, chaos furieux,

Bercé par des flots houleux.

 

Tu en rouvres le noir gouffre

Pour éprouver que tu souffres.

Avant que tu ne t’étouffes,

Tu espères dans un souffle,

 

Encore une fois prouver

Que l’Amour saura braver

L’abysse pour te sauver.

 

2017

Chopin.

 

Triste air de piano

 Crépitement sous la peau

 Automne solo

 

 


 

 

Les paradis perdus

  

Love is a losing game - Amy Winehouse: Back to Black (2007)

 

 

Mon Atlantide 

 

Ô mon île malmenée

Aux cyclones de mes peurs,

Ma palme douce infinie,

Mon oasis de langueur,

Mon ombre et ma poésie,

Ma fraicheur au front brûlé.

 

Ô ma plage abandonnée

Au ressac de mes errances,

Mon grain d’humour katana,

Mon beau soleil de l’enfance,

Mon aurore ikebana,

Ma résurrection sablée.

 

Ô ma forêt pardonnée,

Ma fougère arborescente,

Ma canopée de souffrance,

Ma liane incandescente,

Ma muraille en hautes branches,

Ma voie verte et esseulée.

 

Ô ma falaise d’apnée,

Mon alizé mascareigne,

Mon appel océanique,

Mon abyssale sirène,

Mon bel écho pélagique,

Mon paille-en-queue envolé.

 

Ô ma lave exsanguinée,

Séchée au Temps spadassin 

Qui nous fit nous reconnaître

Et comme un vil fantassin,

Nous saigna en kilomètres.

 

- Notre Amour coagulé -

 

2018

 

Mon archipel joyeux

 

Eclats de soleil

 Aux cymbales des tympans

 Chaleur des fous rires

 


 

 

Palingénésie

 

Bowels – I Murdered: Sins and Confessions (2017)

 

 

Cathyarsis 

 

Avec ces mêmes mains,

Celles qui te sont chères

Mais qui te font défiance,

J’arracherai demain,

Ce qui mange mes chairs

Sous ce masque d’enfance.

Puis sous ton regard clair, 

Je fendrai ces entrailles

Afin de mettre à l’air

Ma grouille de souffrances,

Toute cette tripaille

Percée par l’abandon

Suintant un jus amer

Couleur de céladon,

Exhalant l’odeur rance

Des pires bords de mer.

Comme un vil otaku

Renouant à la transe

Fétichiste de mère,

Je la verrai sécher

Au soleil du grand jour

Et dans le seppuku 

De notre prime amour,

Œdipe ira chercher

Aux tréfonds de ses anses

Le pardon de son père.

Puis avec tes pétales

De rose du désert,

Je soignerai ma panse

Evidée de son mal,

Je la saupoudrerai

De poussières d’étoile

Et je la recoudrai

Avec un fil à voile.

Nous la regonflerons

Au vent de mon enfance

Puis nous nous en irons 

Tout autour de la terre.

 

2018

Le Cap

 

Les tripes du temps,

 Au vent de la Baie des singes,

 Voguent vers Maïre.

 

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