Quand le dragon vole.
Long soir d’août.
Un Dragon insomniaque, déterminé, détonnant et oblong, escarboucle lumineuse au front, escalade en flammes rouges et vertes l’à-pic de mon jardin d’étoiles pour mieux se précipiter à l’assaut du Doubs.
Tournesol guerrier saigné au flanc, il tourne ses pétales au son doux et velouté d’un elfe crachant lentement sa soupe de lamier blanc.
Il découpe de ses pales sombres la voie lactée qui retombe en goutte-à-goutte d’étoiles filantes dans les veines de l’être qu’il porte au ventre, bien loin du sol, au delà de la forêt des ombres.
Cette âme pâle et souffrante, heurtée et paralysée comme cette lune d’été, il l’a gobée, sans doute par mégarde. Peu importe. Il la régurgitera bientôt sur l’esplanade ronde de la Tour des miracles.
Ici, l’air du soir, à nouveau calme, se recouche. La Garde veillera d’un œil intranquille sur le silence des remparts de ma nuit.
Soudain, de l’écran qui s’embrase de bleu, monte l’alerte…